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Réforme de l’audiovisuel : « Faisons entrer l’Union européenne à la télévision »

Réforme de l’audiovisuel : « Faisons entrer l’Union européenne à la télévision »

J’ai le plaisir de vous transmettre ici la tribune que j’ai écrite pour Le Monde sur l’Europe dans les médias et l’appel auquel se sont joints une trentaine de décideurs et de personnalités en France et ailleurs en Europe.

 

Nous sommes à la veille d’une évolution de taille dans le secteur des médias. Le projet de loi audiovisuel, dont l’examen débute mercredi 26 février au Parlement, dépoussière avec modernité et ambition le secteur de l’audiovisuel français.

Numérique, régulation, égalité femmes-hommes, protection des publics, soutien à la création comptent parmi les thèmes essentiels au cœur de cette réforme.

Alors que les Britanniques viennent de nous quitter, la loi à venir est une occasion unique de se saisir d’un enjeu trop souvent laissé dans l’ombre : l’Europe. A la suite des élections européennes de 2019 au taux de participation record, un nouvel exécutif s’est mis en place. A Bruxelles et Strasbourg, Commission et Parlement ont décidé d’agir de concert sur les thèmes que nous, citoyens, avons à cœur : le climat, la protection, le numérique.

Et pourtant, force est de constater que le vote d’investiture d’Ursula von der Leyen comme présidente de la Commission européenne, première femme à occuper ce poste, fut mentionné quelques secondes en juillet dans le journal de 20 heures de France 2, évoquant des « nouvelles de l’étranger : à Strasbourg, le Parlement européen »…

Curieuse géographie politique ! Alors que s’est tenu le vote sur l’ensemble du collège de commissaires en novembre 2019, la chaîne n’en fit mention, le jour même, ni à 13 heures ni à 20 heures. Il est frappant de constater que les rédactions nationales ne couvrent pas davantage les principales actualités européennes, alors même que les correspondants permanents de l’audiovisuel public à Bruxelles et Strasbourg sont d’une qualité rare.

Nous tous, Français, bénéficions de la citoyenneté européenne. Or, il n’est pas de démocratie saine ni de débat public éclairé sans une connaissance des enjeux avancés, des acteurs concernés, des politiques conduites.

C’est la raison même de la formation aux enjeux environnementaux des personnes tirées au sort pour prendre part à la Convention citoyenne pour le climat.

C’est également la raison pour laquelle nous regrettons la déprogrammation de plusieurs émissions européennes telles que « Avenue de l’Europe » (France 3) ou « Le Téléphone sonne Europe » (France Inter), et nous réjouissons de la récente naissance de « Nous, les Européens » (France 3) et de « La Faute à l’Europe ? » (France Info). C’est enfin la raison pour laquelle nous affirmons l’importance de la couverture approfondie des enjeux européens dans les médias. Rappelons les mots de Jean Monnet, père de la construction européenne, pour qui « nous n’expliquerons jamais assez (…) les progrès de l’union que nos concitoyens vivent chaque jour sans le savoir » (Mémoires, Le livre de poche, 2007).

En 2017, trois Français sur quatre se déclaraient mal informés sur les sujets européens, au dernier rang des vingt-huit états membres d’alors. Or, près de deux tiers de sondés disent se sentir citoyens européens : ce ne sont donc pas un désintérêt ni un éloignement hostile qui expliquent cette méconnaissance. Au contraire ! 65 % des Français souhaiteraient voir le Parlement européen jouer un rôle plus important. Et s’il jouait en effet ce rôle plus important au fil des années, comme c’est le cas depuis le traité de Lisbonne en 2009, nos concitoyens en auraient-ils connaissance ? Puisque seuls un quart d’entre eux se considèrent bien informés sur ce qui touche à l’Europe, la question mérite d’être posée. L’enjeu est donc de taille pour le projet de loi à venir, lorsque l’on constate par ailleurs que seul un Français sur trois fait confiance à la télévision !

L’Union européenne (UE) vient de vivre un moment historique, le départ inédit de l’un de ses membres à la suite d’un débat public dont nombre d’observateurs reconnurent les limites, en raison d’une frappante méconnaissance de l’Europe de la part des citoyens britanniques. Le lendemain du référendum, la question la plus posée au moteur de recherche Google au Royaume-Uni sur l’Europe était : « Que cela signifie-t-il de quitter l’UE ? ». Un questionnement un peu tardif. Il n’est pas de débat public éclairé sans connaissance des enjeux considérés. Notre citoyenneté européenne ne pourra s’exercer pleinement qu’en connaissance de cause.

Cette année 2020 verra également se mettre en place la Conférence pour l’avenir de l’Europe, une idée que la France a portée et que l’UE a reprise. L’objectif ? Rendre le projet européen plus démocratique. La méthode ? Associer des agoras citoyennes à la réflexion sur la direction que doit prendre l’UE après le Brexit. Cette initiative est une chance. Mais elle n’a de chance d’être efficace que si les médias y jouent tout leur rôle, aussi bien pour fournir une information de qualité que pour animer un débat approfondi sur l’Europe.

Nous appelons donc, par cette tribune, à une meilleure inclusion des thématiques européennes dans les médias français – à commencer par l’audiovisuel public, dont la mission de service public l’honore et l’oblige.

La citoyenneté européenne est d’ores et déjà une réalité juridique et démocratique : il est temps d’en faire une réalité informative. Les décisions européennes sont prises par le Parlement européen, par nos ministres nationaux réunis en Conseil. Les orientations de l’UE sont décidées par nos chefs d’Etat et de gouvernement. Les politiques européennes sont conduites par une Commission où siège le Français Thierry Breton et où travaillent plusieurs milliers de nos compatriotes. Faisons entrer l’UE à la télé : l’Europe est bel et bien notre affaire.

 

Texte à l’initiative de Caroline Janvier, députée du Loiret (LRM).

Signataires : Yves Bertoncini, président du Mouvement européen – France ; Jean-Louis Bourlanges, député des Hauts-de-Seine (MoDem), ancien député européen ; Gilles Boyer, député européen (indépendant) ; Sylvie Brunet, députée européenne (Mouvement démocrate) ; Martine Buron, présidente de la Fédération française des Maisons de l’Europe ; Marie Caillaud, présidente de l’association « Les Jeunes Européens – France » ; Pascal Canfin, député européen (Renaissance), ancien ministre ; Catherine Chabaud, députée européenne (Mouvement démocrate) ; Ilana Cicurel, députée européenne (Renaissance) ; Jérémy Decerle, député européen (Renaissance) ; Bernard Deflesselles, député des Bouches-du-Rhône (LR) ; Pascal Durand, député européen (Renaissance) ; Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert-Schuman ; Laurence Farreng, députée européenne (Mouvement démocrate) ; Sandro Gozi, député européen (Renaissance), ancien secrétaire d’Etat aux Affaires européennes du gouvernement italien ; Christophe Grudler, député européen (Mouvement démocrate) ; Bernard Guetta, député européen (Renaissance) ; Valérie Hayer, députée européenne (LRM) ; Pierre Karleskind, député européen (LRM) ; Fabienne Keller, députée européenne (Agir – La Droite constructive) ; Jean-Christophe Lagarde, député de Seine-Saint-Denis (UDI) ; Catherine Lalumière, présidente de la Maison de l’Europe de Paris, ancienne secrétaire générale du Conseil de l’Europe, ancienne vice-présidente du Parlement européen ; Alain Lamassoure, président du comité scientifique de la Fondation Robert-Schuman, ancien ministre, ancien député européen ; Pascal Lamy, président émérite de l’Institut Jacques-Delors, président du Forum de Paris sur la paix, ancien commissaire européen, ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce ; Enrico Letta, président de l’Institut Jacques-Delors, ancien président du Conseil italien, ancien député européen ; Nathalie Loiseau, députée européenne (LRM), ancienne ministre ; Martine Méheut, présidente de l’association « Citoyennes pour l’Europe » ; Joaquim Pueyo, député de l’Orne (Socialiste et apparenté) ; Pierre-Alain Raphan, député de l’Essonne (LRM) ; Dominique Riquet, député européen (Mouvement radical social-libéral) ; Sabine Thillaye, députée (non inscrite), présidente de la commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale ; Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle (Socialiste et apparenté) ; Stéphane Séjourné, député européen (LRM) ; Irène Tolleret, députée européenne (Renaissance) ; Véronique Trillet-Lenoir, députée européenne (Renaissance) ; Marie-Pierre Vedrenne, députée européenne, ancienne directrice de la Maison de l’Europe de Rennes (Mouvement démocrate) ; Stéphanie Yon-Courtin, députée européenne (Renaissance) ; Chrysoula Zacharopoulou, députée européenne (LRM).

 

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