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Tribune – Politique migratoire : le pari voltairien

Tribune écrite par mes soins et publiée dans “La Croix” aux côtés d’un collectif de députés en amont du débat sur la politique migratoire, à l’Assemblée nationale, lundi 7 octobre.

 

Lundi 7 octobre se tient au Palais Bourbon un débat entre parlementaires et gouvernement sur la politique d’immigration de la France. Voilà une opportunité à saisir pour faire le point sur nos forces et nos faiblesses face à ce qui est appelé à devenir l’un des enjeux majeurs du XXIe siècle où environnement comme économie fluctueront à l’échelle mondiale. Débattre de notre politique migratoire, c’est prendre le temps de la réflexion sur ce que nous sommes, sur le projet politique qui nous rassemble. Car oui, la France d’aujourd’hui s’est construite autour d’un projet, par son Histoire et ses identités dont la multiplicité n’a d’égal que la richesse. « Sapere aude », ose te servir de ton propre entendement : la devise de nos Lumières a vocation à y inspirer nos échanges.

De notre capacité à intégrer celles et ceux qui ont légitimement droit – inaliénable – à l’asile dépend notre humanité. De notre capacité à accueillir celles et ceux qui souhaitent adhérer à notre communauté nationale dépend le rayonnement de notre pays. De notre capacité à reconduire celles et ceux qui n’ont pas vocation à rester dans notre pays dépendent la crédibilité et l’efficacité de notre politique de gestion des flux migratoires. C’est avec ce constat clair que le président de la République a souhaité que ce débat ait lieu avec les représentants du peuple français.

La réalité de notre politique migratoire

Le premier enjeu dont nous avons la responsabilité est d’objectiver les réalités de la politique migratoire. De faire parler la loupe des faits et chiffres plutôt que le téléphone-gobelet des rumeurs et approximations. « L’ignorance, en un mot, flétrit toute grandeur » et c’est à cette ignorance décrite au roi de Prusse par Voltaire que nous sommes déterminés à répondre.
Il s’agit surtout pour nous de défendre une vision claire et ouverte de notre ADN culturel. Une vision riche de notre patrimoine : Descartes et l’insoumission au dogme, Voltaire et la lutte contre l’obscurantisme, Victor Hugo, enfin, visionnaire politique d’une « fraternité européenne ». Une vision tournée autour du vivre-ensemble dans un monde où réseaux sociaux bâtisseurs d’entre-soi, mondialisation crainte par certains ou encore plaies du passé recouvertes portent un risque de repli, spirituel, géographique ou social, loin du dialogue et du partage nécessaire entre nous. Les mots de Jean Monnet, bâtisseur de l’Europe à la suite de la Seconde guerre mondiale, font aujourd’hui encore écho à cet enjeu. « La méfiance (…) est la source principale des malentendus. Se comprendre mutuellement est difficile, mais on a déjà fait beaucoup lorsqu’on a éliminé le soupçon. »

Apporter des réponses claires

Sur les territoires, l’intégration se vit concrètement. C’est donc à nous, législateur, d’apporter des réponses humanistes à cet enjeu. Certains de nos concitoyens mais aussi certains résidents étrangers installés sur notre sol font face à des obstacles multiples : accès inégal à l’apprentissage de la langue française, au logement, à l’emploi. D’autres s’inquiètent de constater l’existence au sein de notre société d’une différence culturelle incomprise – dans les deux sens. À l’ensemble de nos concitoyens, nous devons des réponses : par le débat public, par la législation, par l’action publique locale destinée à renforcer le vivre-ensemble.
Une politique migratoire ne se bâtit pas à coups d’images « choc » dans les médias ni d’attisement de la haine par l’exclusion des uns ou des autres à des fins électoralistes. Une politique migratoire se bâtit par la réflexion des pouvoirs publics sur la meilleure façon d’associer harmonie de la communauté nationale et respect de nos valeurs républicaines. Des solutions existent : parlez-en à votre élu ! Notre Assemblée se nourrit d’idées concrètes et de propositions, elle s’enrichira toujours du partage des meilleures pratiques dans les territoires. Lundi prochain à 16 heures aura lieu notre débat – lundi prochain à 20 heures, l’invention de la politique migratoire du XXIe siècle ne sera naturellement pas achevée. Et c’est heureux.

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Signataires :
Caroline Janvier, Députée du Loiret
Damien Adam, Député de Seine-Maritime
Jennifer de Temmerman, Députée du Nord
Jean-François Cesarini, Député du Vaucluse
Stéphane Buchou, Député de Vendée
Fabien Gouttefarde, Député de l’Eure
Laurent Garcia, Député de Meurthe-et-Moselle
Sophie Beaudouin-Hubière, Députée de Haute-Vienne
Jean-Luc Lagleize, Député de Haute-Garonne

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