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Interview dans le magazine Capital

J’ai eu le plaisir d’échanger avec le magazine Capital sur le chantier de la dépendance et les premières grandes lignes du PLFSS 2021.

Article original ici.

Capital : Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale sera débattu courant octobre au Parlement. Quelles sont les avancées attendues en ce qui concerne la dépendance ?

Caroline Janvier : Ce texte arrive entre deux temps forts. Nous avons voté la création de la cinquième branche pour financer la perte d’autonomie et ensuite en 2021, il y aura une loi sur l’autonomie et le grand-âge qui définira le cadre de nos actions. Mais déjà dans ce projet de loi de financement de la Sécurité sociale nous allons pouvoir aborder la question du périmètre et de la gouvernance de la branche ainsi que son financement.

Capital : Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a déjà annoncé qu’il y aura au moins un milliard d’euros pour financer la dépendance. Pour quels types de dépenses ?

Caroline Janvier : Nous n’en avons pas encore le détail, mais ce qui est sûr c’est qu’il va traduire les engagements pris dans le cadre du Ségur de la Santé. Ils doivent notamment permettre aux professionnels non médicaux au sein des Ehpad publics et privés non lucratifs de gagner 183 euros nets de plus par mois. Mon objectif est que dans ce texte on n’oublie pas le domicile. Il faut travailler dès maintenant sur la question de l’emploi dans ce secteur, la rémunération, le statut, les conditions de travail, les difficultés de recrutement mais aussi sur le modèle de prise en charge à domicile et l’articulation avec les Établissements d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes. Nous avons des arbitrages politiques à faire, mais nous ne pourrons pas tout faire en une seule fois et tout définir dans ce PLFSS.

Capital : Vous allez aussi aborder la question du financement de cette cinquième branche ?

Caroline Janvier : Je suis attachée à ce que l’on propose un financement pérenne et clair. Nous ne pouvons pas proposer une nouvelle couverture sans la financer. Cela ne sera pas tranché dans ce PLFSS. Ces questions doivent être abordées à l’occasion du Laroque de l’autonomie prévu cet automne qui doit nous permettre de construire la future loi grand-âge. C’est la solidarité nationale qui doit financer ces dépenses. Nous devons faire ce travail de mettre les acteurs du secteur autour de la table et de déterminer avec eux les recettes que nous mettons en face des dépenses.

Capital : Le rapport de Laurent Vachey, remis le 14 septembre dernier, a mis beaucoup de pistes sur la table dont certaines vivement critiquées comme une hausse de la CSG pour les retraités ou la taxation des successions. Faut-il étudier toutes les possibilités existantes ?

Caroline Janvier : Dans la situation actuelle, certaines mesures semblent peu probables comme l’augmentation des prélèvements obligatoires pour les entreprises ou pour les personnes qui viennent de perdre leur emploi. Il faut cependant étudier toutes les propositions qui sont faites et inclure l’ensemble de la population dans cette réflexion.

Capital : Certaines pistes de financement ont-elles votre préférence ?

Caroline Janvier : A ce stade, nous en sommes plutôt à écouter les différentes propositions des acteurs du secteur sans encore avoir tranché. Mon souhait est que l’on mette en place une conférence de financement avec toutes les parties prenantes.

Capital : Vous ne fermez pas la porte à un financement privé ?

Caroline Janvier : Cela ne correspond pas au modèle de la Sécurité sociale que j’ai. Mais ce type de financement, par exemple comme il existe déjà pour la mutuelle santé, peut venir en complément de la solidarité nationale.

Capital : Comment réussir à faire adhérer les Français aux efforts qu’ils devront faire pour financer la perte d’autonomie ?

Caroline Janvier : Nous sommes entrain de construire un nouveau modèle de prise en charge d’un risque. Cette construction nécessite que l’on réfléchisse à tous les moyens de financement possibles. Il faut être concret dire que ce financement doit permettre d’améliorer le taux d’encadrement dans les Ehpad, de réduire le reste à charge dans les établissements, ou encore d’avoir du personnel mieux formé. Il faudra présenter des cas types pour que tout le monde comprenne bien qu’il peut être concerné. Je crois qu’en faisant cela, les Français seront plus aptes à accepter l’effort demandé.

Capital : A quoi doit servir la future loi sur le grand-âge et l’autonomie ?

Caroline Janvier : Elle doit nous permettre de remettre à plat le secteur et notamment les liens entre le domicile et les Ehpad. Il faut que nous prenions en compte le parcours de l’individu et éviter le passage souvent brutal entre la vie à domicile et la mise en établissement. Nous devons aussi repenser la catégorisation des tarifs des maisons de retraite. C’est un énorme chantier avec une attente forte de la population.”

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